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Art, industrie et société. Au temps de la reconstruction et de la croissance d’après-guerre

Publié le 2 avril 2019 Mis à jour le 20 mai 2020
Date(s)

du 5 juin 2019 au 12 juin 2019

Lieu(x)
Centre culturel international de Cerisy 2 Le Château
50210 Cerisy-la-Salle
Comment venir ?

ORGANISATION

Gwenaële ROT
| SciencesPo Paris, CSO
François VATIN | Université Paris Nanterre, IDHE.S

ARGUMENT

Art et industrie peuvent-ils faire bon ménage ? La question est probablement aussi ancienne que l’industrie elle-même et rares sont ceux qui, tel Achille Kaufmann en 1853, ont revendiqué la “poésie de l’industrie”.

Après la première guerre mondiale, la “querelle du machinisme” fit rage entre ceux qui ne voyaient plus dans la machine qu’un instrument de mort et ceux que fascinaient sa puissance et sa beauté fonctionnelle. L’après seconde guerre ne laissa guère de place au refus romantique du progrès, car il fallait reconstruire, et vite. Mais, des exigences de rapidité de la Reconstruction, on a trop vite conclu, rétrospectivement, qu’on n’aurait, à l’époque, eu aucun souci de l’esthétique. C’est cette question que l’on entend revisiter en discutant des relations entre art et industrie au cours de cette époque.

Il s’agira d’abord de s’interroger sur l’esthétique fonctionnelle de l’usine elle-même et sur son influence sur l’ensemble de l’architecture de la période. La question est, ensuite, celle des médias artistiques et de leur renouvellement : la photographie et le cinéma sont directement en phase avec l’esthétique usinière, mais la peinture, la sculpture, la tapisserie sont aussi mobilisées. Il faut réconcilier les hommes avec leur nouvel univers. Si l’industrie peut pénétrer l’art, l’art pourra aussi pénétrer l’industrie. Car l’enjeu est aussi social. Cette période est celle des grandes ambitions de démocratisation artistique. La beauté doit appartenir à tout le monde comme l’affirmait André Malraux. Il faudra aussi s’intéresser aux représentations de l’activité productive, longtemps marquées par la figure ouvriériste de la puissance corporelle. Comment rendre compte de l’usine moderne, celle où l’homme semble disparaître derrière le gigantisme industriel ?

L’organisation de ce colloque en Normandie, région durement touchée par les destructions de la guerre et où la “Reconstruction” d’après-guerre fut en conséquence particulièrement importante, a une portée symbolique. Mais ce sera aussi l’occasion d’aborder, in situ, notamment à Saint-Lô, “capitale des ruines”, ville détruite à 90% pendant la guerre, un certain nombre de problématiques du colloque. L’idée de “l’heure de la Reconstruction” est en ce sens à entendre dans une acception plus large que les années d’immédiat après-guerre. Elle renvoie à l’idée de “relèvement” de la France, urbanistique, industriel, mais aussi social et culturel qui marqua les décennies d’après-guerre et a laissé des traces vives jusqu’à aujourd’hui.

  

CALENDRIER PROVISOIRE

Mercredi 5 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Jeudi 6 juin
Matin
Gwenaële ROT & François VATIN :
Introduction générale

ESTHÉTIQUE ET MACHINISME
Max BONHOMME : Machinisme ou humanisme ? La culture visuelle du communisme français de 1925 à 1939
Anne-Françoise GARÇON : Le “Beau” et son geste en industrie : l’esthétique du concepteur peut-elle se réconcilier avec l’esthétique du producteur ?

Après-midi
RECONSTRUIRE PLUS BEAU, PLUS FONCTIONNEL ET PLUS ÉCONOMIQUE
Patrice GOURBIN : La belle et la bête : esthétique urbaine et nécessités industrielles dans les villes reconstruites
Carlos SAUTCHUK : Corps, nature, béton : technique et rythme à Brasilia
Jérôme DECOUX : Reconstruire sans le MRU : l’exemple des ports Normands
Robert BLAIZEAU : La Reconstruction de Saint-Lô


Vendredi 7 juin
Matin
TECHNIQUE ET ESTHÉTIQUE USINIÈRE
Thierry PILLON : De la couleur dans les bureaux en France de 1950 à 1970
Stéphanie DUPONT : Minoteries reconstruites : programme et architecture
Florence HACHEZ-LEROY : L’aluminium et l’esthétique architecturale
Nicolas PIERROT : “Refuser d’enlaidir la vie” : l’esthétique de l’usine dans la France de la “grande croissance” (1945-1973)

Après-midi
DES OBJETS DE L’INDUSTRIE
Florence BRACHET : Les Galeries Lafayette et l’émergence du style industriel. Le festival de la création française, 1954
Delphine DROUIN-PROUVÉ : L’œuvre de Jean Prouvé dans l’urgence de la Reconstruction, une réponse industrielle et humaniste au mal logement (1945-1956)
Guillaume BLANC : L’industrie photographique et sa nation


Samedi 8 juin
Matin
LES ENTREPRISES, LES COMITÉS D’ENTREPRISE ET L’ART
Jean-Michel LETERRIER : Les comités d’entreprise de la médiation au métissage
Alain BELTRAN : Comités d’entreprise et éducation artistique : quelques exemples (EDF-GDF, SNCF, …)
Patrick FRIDENSON : L’entrée de l’art chez Renault

Après-midi
“HORS LES MURS” — À L’USINE UTOPIK (Centre d’Art Contemporaine de Tessy-Bocage)


Dimanche 9 juin
Matin
L’ART EN SES LIEUX : MUSÉES, GALERIES, ÉTAT
Julie VERLAINE : Le marché de l’art français, créateur de liens entre art et industrie ?
Clothilde ROULLIER : Origine et devenir des peintures d’industrie achetées ou commandées par l’État
Clémence DUCROIX : Le musée-outil de Reynold Arnould

Après-midi
DÉCORER LA VILLE
Marie-Laure VIALE : Sculpter, peindre à l’échelle monumentale : la préfabrication industrielle au service du 1% artistique
Raphaëlle SAINT-PIERRE : Les interventions d’artistes dans la Chambre de Commerce du Havre et le Palais des Consuls de Rouen
Marie-Domitille PORCHERON :Le lieu naturel du peintre est dans les grands moments de la civilisation, sur les chantiers (…) La vie des échafaudages est passionnante humainement (…)” [Alfred Manessier, 1978]
Grégor BLOT-JULIENNE & Sophie DERROT : La décoration de l’université reconstruite de Caen


Lundi 10 juin
Matin
LA PEINTURE ET LE MOTIF INDUSTRIEL
Bénédicte DUVERNAY : Fernand Léger, peinture et architecture
Odile LASSERE : La peinture industrielle de Camille Hilaire
Gwenaële ROT & François VATIN : Reynold Arnould : un portrait de la France industrielle à la fin des années 1950

Après-midi
PHOTOGRAPHIER L’INDUSTRIE
Lucie GOUJARD : L’industrie vue par un art singulier. L’héliogravure, de la reproduction à l’artechne
Véronique FIGINI : Aux frontières de l’art, le rôle et les enjeux de la documentation photographique comme communication publique
Dominique VERSAVEL : John Craven, chantre ambigu du développement industriel
Sandrine BULA : La France industrielle dans l’objectif d’Alain Perceval


Mardi 11 juin
“HORS LES MURS” — À SAINT-LÔ
La reconstruction de la “capitale des ruines” : Saint-Lô, séance publique à Saint-Lô coordonnée par Robert BLAIZEAU


Mercredi 12 juin
Matin
Bilan et perspectives

Après-midi
“HORS LES MURS” — À L’UNIVERSITÉ DE CAEN NORMANDIE
La patrimonialisation de l’art d’après-guerre : villes, entreprises, musées, table ronde avec Claudine CARTIER (La difficile patrimonialisation de l’héritage industriel des années 50-70), Stéphanie DUPONT (Pôle “Inventaire général du patrimoine culturel”, Région Normandie), Marie de LAUBIER (La politique de patrimonialisation artistique de la Compagnie Saint-Gobain), Christine MANESSIER et Isabelle ROBERGE (Service “Aménagement”, Région Normandie)
Visite du patrimoine artistique du campus de l’université de Caen Normandie

DÉPARTS

Retrouver le programme sur le site de Cerisy : https://cerisy-colloques.fr/artindustriesociete2019/

Mis à jour le 20 mai 2020