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Moraliser le capitalisme ou capitaliser sur la morale ?

Charles Bosvieux-Onyekwelu, Valérie Boussard (dir.), Actes de la recherche en sciences sociales, n° 241, avril 2022

Publié le 13 avril 2022 Mis à jour le 21 avril 2022

Présentation

Depuis la fin des années 1990, les entreprises ont développé des formes internalisées d’action « éthique ». D’abord promues à travers la reconnaissance et la prise en charge d’une « responsabilité sociale des entreprises » (RSE) en matière de conditions de travail de leurs sous-traitants ou d’interventions sur des questions de société, ces formes d’action se sont ensuite diversifiées. Les années 2000 et suivantes ont en effet vu se multiplier les politiques d’égalité professionnelle, de diversité, de mécénat de compétences, de bénévolat d’entreprise ou d’intégration des enjeux environnementaux. Ce sont finalement autant d’objectifs éthiques qui ont été intégrés au management des firmes et se sont vus pris en charge par des dispositifs de gestion cherchant à les contrôler, les mesurer, les optimiser, les afficher. La particularité de ce management de l’éthique est d’incorporer la morale dans le modèle économique des entreprises, tout en continuant à revendiquer la recherche de profit.
Ce numéro interroge les dispositifs qui font exister cette équivalence entre morale et profit, en partant de celles et ceux qui les mettent en œuvre : s’agit-il, pour ces professionnels, de « moraliser » le capitalisme, de capitaliser sur la morale ou d’articuler – et dans quelles conditions – recherche du profit et quête de la vertu ?
Les articles rassemblés montrent le travail effectué par ces travailleurs et travailleuses de la vertu, aux propriétés sociales particulières, pour faire tenir ensemble des éthiques opposées, dont l’équivalence n’est pas donnée. Ils permettent également de comprendre comment cette évolution du capitalisme contribue à transformer les causes morales que celui-ci endosse.

La direction du numéro

Charles Bosvieux-Onyekwelu est chargé de recherche CNRS en sociologie au Centre Norbert Elias.
Valérie Boussard est professeure de sociologie à l’Université Paris Nanterre, directrice de l’IDHE.S.
 

Table des matières

Moraliser le capitalisme ou capitaliser sur la morale ?, p. 4-15
Charles Bosvieux-Onyekwelu, Valérie Boussard

Le féminisme de marché, ou comment la demande d’égalité « pour toutes » est devenue une égalité pour certaines, p. 16-35
Sophie Pochic

Les stigmates de la vertu. Légitimer la diversité en entreprise, à New York et à Paris, p. 36-55
Laure Bereni

Le lobbying ou l’emballage vertueux des marchandises. Quand les agro-industriels s’opposent aux agrocarburants au nom de l’environnement, p. 56-73
Armèle Cloteau

Un éthos pondérateur. Adoucir et filtrer la critique écologique, l’ouvrir au capitalisme. Et vice versa, p. 74-91
Jean-Baptiste Comby

Entretien. De quoi le capitalisme se soucie-t-il ?, p. 92-101
Entretien avec Emily Barman
 

Soirées-débats autour de la parution de ce numéro

– mardi 19 avril 2022 à 19h à Marseille, à la librairie associative Transit (51 boulevard de la Libération), en présence de Charles Bosvieux-Onyekwelu (sociologue, chargé de recherche au CNRS) et Valérie Boussard (professeure de sociologie à l’Université Paris Nanterre) ;
– mercredi 27 avril 2022 à 19h à Paris, à la librairie Petite Égypte (35 rue des petits carreaux), en présence de Charles Bosvieux-Onyekwelu (sociologue, chargé de recherche au CNRS) et Sophie Pochic (sociologue, directrice de recherche au CNRS).


Mis à jour le 21 avril 2022