- Libellé inconnu,
Anxiétés économiques et sociales, du XVIIIe au XXIe siècle. La crise à l’œuvre
Publié le 5 janvier 2016
–
Mis à jour le 26 juin 2017
Cycle de conférences co-organisé par l'IDHES et “Scènes du monde, création, savoirs critiques” à la BNF.
Date(s)
du 13 janvier 2016 au 7 juin 2016
18h30-20h
Lieu(x)
BnF François Mitterrand
quai François Mauriac, Paris 13e
Salle 70
Entrée libre
quai François Mauriac, Paris 13e
Salle 70
Entrée libre
La crise financière de 2008 et ses conséquences économiques, sociales et politiques ont généré, au cours des dernières années, une profonde anxiété au sein de la population. Citoyens, intellectuels, responsables, tous s’interrogent sur l’aptitude des économistes et autres experts à comprendre les crises, et questionnent la capacité des gouvernants à mettre en œuvre des politiques efficaces pour sortir de la dépression qui s’est installée, avec ses conséquences délétères sur le tissu social et le climat politique, faisant remonter, de manière un peu trop exclusive, les fantômes de la grande dépression des années 1930.
Aujourd’hui comme hier, ces épisodes de crises, plus ou moins brefs, parce qu’ils génèrent doute et incertitude, produisent simultanément une pléthore d’analyses et de commentaires sous les formes les plus diverses : pamphlets, romans, chansons, croquis, pièces de théâtre, peintures, etc. De manière générale, les crises sont des moments qui poussent les sociétés comme les individus à la réflexivité et aux innovations méthodologiques et politiques.
Or une grande part de ces innovations ne proviennent pas des économistes et administrateurs d’Etat, mais d’hommes politiques, d’intellectuels ou encore d’artistes et de citoyens. Cette série de conférences de chercheurs en sciences humaines et sociales, en revenant sur ces phases de réflexion nées des crises passées et telles qu’elles se donnent à voir notamment dans les œuvres de « non-économistes » vise justement à montrer qu’il n’en est rien, et que nous avons beaucoup à gagner à observer et à écouter les propositions décalées, les analyses dérangeantes, les initiatives « spontanées ». Regarder vers le passé peut aussi aider à mettre en perspective historique la crise actuelle et à rappeler que nul monopole de l’intelligence ou de la parole n’est naturel. L’exploration d’épisodes tels le système de Law en 1720 ou la crise de 1929 sera ainsi l’occasion de convoquer à l’appui de l’analyse les apports de la littérature, de la peinture, de la caricature, de la poésie, du théâtre, etc. Nous verrons y poindre fatalisme ou émergence de réflexions critiques, interrogations ouvertes ou condamnations sans appel… De même, nous interrogerons ces documents pour nous demander comment ces événements exceptionnels ont incité les acteurs, individuels ou sociaux, à se saisir de leur propre destinée.
Comité d'organisation:
Patrice Baubeau (Université Université Paris Nanterre, IDHES) et Martial Poirson (Université Paris 8, EA 1573 “Scènes du monde, création, savoirs critiques”) en partenariat avec la BNF.
Aujourd’hui comme hier, ces épisodes de crises, plus ou moins brefs, parce qu’ils génèrent doute et incertitude, produisent simultanément une pléthore d’analyses et de commentaires sous les formes les plus diverses : pamphlets, romans, chansons, croquis, pièces de théâtre, peintures, etc. De manière générale, les crises sont des moments qui poussent les sociétés comme les individus à la réflexivité et aux innovations méthodologiques et politiques.
Or une grande part de ces innovations ne proviennent pas des économistes et administrateurs d’Etat, mais d’hommes politiques, d’intellectuels ou encore d’artistes et de citoyens. Cette série de conférences de chercheurs en sciences humaines et sociales, en revenant sur ces phases de réflexion nées des crises passées et telles qu’elles se donnent à voir notamment dans les œuvres de « non-économistes » vise justement à montrer qu’il n’en est rien, et que nous avons beaucoup à gagner à observer et à écouter les propositions décalées, les analyses dérangeantes, les initiatives « spontanées ». Regarder vers le passé peut aussi aider à mettre en perspective historique la crise actuelle et à rappeler que nul monopole de l’intelligence ou de la parole n’est naturel. L’exploration d’épisodes tels le système de Law en 1720 ou la crise de 1929 sera ainsi l’occasion de convoquer à l’appui de l’analyse les apports de la littérature, de la peinture, de la caricature, de la poésie, du théâtre, etc. Nous verrons y poindre fatalisme ou émergence de réflexions critiques, interrogations ouvertes ou condamnations sans appel… De même, nous interrogerons ces documents pour nous demander comment ces événements exceptionnels ont incité les acteurs, individuels ou sociaux, à se saisir de leur propre destinée.
Comité d'organisation:
Patrice Baubeau (Université Université Paris Nanterre, IDHES) et Martial Poirson (Université Paris 8, EA 1573 “Scènes du monde, création, savoirs critiques”) en partenariat avec la BNF.
> Mercredi 13 janvier 2016
Introduction au cycle de conférences
Patrice Baubeau, Université Université Paris Nanterre et Martial Poirson, Université Paris 8
Théâtre en temps de crise, 2000-2015
Martial Poirson, Université Paris 8
Face à la mutation d’une économie du spectacle vivant qui subit de plein fouet les effets de la crise, le théâtre est depuis une quinzaine d’années un observateur de premier plan des transformations de l’activité comme de la doctrine économique. Les nouvelles écritures dramatiques, en assumant la relation homologique entre théâtre et économie, inventent une dramaturgie économique qui renouvelle la tradition théâtrale : elle interroge aussi bien les faits que les théories, afin d’en mettre en évidence contradictions, dénégations et omissions. Un vaste ensemble de pièces concoure à configurer un théâtre de la crise soucieux, non seulement de dénoncer les systèmes d’exploitation, mais encore de rendre visible les marges refoulées de la modélisation économique, tout en interrogeant la construction sociale et culturelle de la valeur marchande au fondement de l’organisation sociale et politique.
> Mardi 2 février 2016
Le système de John Law : les métaphores du chaos dans le discours sur la crise en 1720
Florence Magnot
Une catastrophe financière secoue la France en 1720 suite à l’effondrement du Système, à la fois bancaire et commercial, mis en place par un aventurier écossais, John Law, venu au secours d’un Royaume en crise et confié au régent Philippe d’Orléans. Aujourd’hui, cet épisode retient à nouveau l’attention des critiques et des spécialistes, non seulement d’économie, mais aussi de littérature et d’histoire culturelle. Les échos et les réflexions suscités par l’événement auprès d’une « opinion publique » constituée en destinataire des bienfaits de ce nouveau système, sont en effet considérables et leurs manifestations dans les textes, les gravures, les caricatures, les pièces de théâtre, sont loin d’avoir été explorées à ce jour. Après un rappel des faits, notre propos s’articulera autour du réseau métaphorique réactivé, transformé ou suscité par les événements de l’année 1720 en s’intéressant particulièrement aux métaphores du dérèglement qui saturent l’imaginaire textuel et iconographique du Système : dérèglement de la matière, dérèglement de la morale, dérèglement de la ville et du tissu urbain. Par ce biais, nous montrerons comment les espoirs immenses suscités par le Système sont à la mesure des sentiments de déception et de chaos que suscite sa chute.
> Mardi 22 mars 2016
Rire ou grincer devant la crise économique et ses conséquences sociales : surendettés, indigents et relogés dans l’image satirique de la Belle Epoque, 1850-1914
Laurent Bihl
En 1873 débute une crise économique d’ampleur mondiale, dont l’acmé correspond en France à deux autres phénomènes majeurs : la libéralisation de la presse par la loi de 1881 et la promotion d’un imaginaire républicain qui valorise une Marianne protectrice des plus démunis. Ce régime médiatique nouveau orchestre dès lors la contradiction de deux narrations iconographiques, l’une tournée autour de l’exaltation des mesures sociales sur le temps long, l’autre se consacrant au contraire à la monstration indignée de la misère, surtout dans la grande ville. Paradoxalement, l’intensification de cette seconde tendance a lieu au milieu des années 1890, au moment où la situation macroéconomique s’améliore. Mon propos se propose d’aborder, à travers le corpus satirique, trois thématiques prises dans le temps long, afin de montrer comment ces dernières ne reflètent pas la seule dépression mais renaissent en permanence d’un imaginaire préexistant : l’anxiété de la dette et des huissiers, la représentation de la pauvreté et des déménagements, et enfin les enjeux du logement social.
> Mardi 12 avril 2016
L’économie du partage : réseaux, communautés et altruisme dans la poésie des victoriennes, 1840-1900
Fabienne Moine
Nous nous proposons d’étudier la notion de crise à travers un panorama de la poésie des femmes de l’époque victorienne engagées dans certaines formes de militantisme, comme le chartisme au cours des années 1850, la dénonciation de la politique impérialiste britannique dans les années 1860 et le socialisme vers 1880-1890. Nous montrerons ainsi que ces auteurs proposent d'autres modèles économiques, plus égalitaires et réclament une autre distribution des richesses. Par l’usage de la fable et de la métaphore, et toutes les ressources de la créativité littéraire, elles donnent la parole à des non-humains (objets ou animaux) qui ont la charge de démontrer qu'il existe des formes plus justes de partage des richesses. Aussi, leurs poèmes sont-ils souvent assez drôles, jouant sur le non-sens de nos constructions humaines.
> Mardi 10 mai 2016
Une histoire des crises du cinéma, 1900-2015
Antoine De Baecque
Cette histoire des crises du cinéma étudie ces moments où, pratiquement dès les origines, il a été question de la mort d’un art et des mutations révélatrices de ses images. Nous focaliserons notre analyse sur certaines des bornes de la controverse, qui rebondit d’âge en âge : lors de l'invention « sans avenir », à l’occasion du passage du muet au parlant, pendant les deux guerres mondiales, avec la naissance du cinéma « moderne », lors de la Nouvelle Vague, en Mai 68, du fait de la concurrence de la vidéo et de la télévision ou des usages des petites caméras dv et de la mutation vers le numérique. Nous montrerons ainsi que le cinéma se caractérise en ceci qu’on en a constamment prédit la fin, et que ces crises comme ces prédictions ont cependant sans cesse relancé ses renouvellements formels, morts et renaissances annoncées, décrites, commentées, par de stimulants corpus de textes critiques, littéraires, théoriques, esthétiques, historiques.
> Mardi 7 juin 2016
L'économie en temps de guerre : représentations dans la littérature française des années 1940-1948
Kenneth Mouré
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la vie quotidienne imposa aux Français des adaptations constantes aux pénuries, à la prolifération des contrôles économiques et à l’essor des marchés noirs. On trouve dans les romans et nouvelles de l’époque, qui offrent souvent un reflet indirect de ces conditions nouvelles, la marque de la priorité alors accordée à l’alimentation. Pour autant, leurs auteurs proposent-ils une analyse, même implicite, de l’économie de guerre, du fonctionnement des marchés et de la distribution des vivres ? Comment la littérature peut-elle représenter et juger à la fois les marchands, les contrôleurs, les trafiquants et profiteurs dans une période de crise économique ? Nous aborderons cet épisode de crise si particulier à partir des oeuvres d’auteurs contemporains comme Marcel Aymé, Romain Gary et Jean Dutourd.
Mis à jour le 26 juin 2017
Contact :
Patrice Baubeau : patrice.baubeau@parisnanterre.fr