SCHIRA, Valentine

Doctorante contractuelle en histoire contemporaine
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École doctorale : Économie, organisations, société - ED 396 -
Laboratoire : UMR 8533 - Institutions et dynamiques historiques de l'économie et de la société (IDHES)

Thèse

La désertion dans l’armée française au XIXe siècle


Directrice de thèse : Claire Fredj, université Paris Nanterre, IDHE.S

Résumé

Refus de la guerre ou de l’armée mal connu mais riche d’enseignements quant aux rapports d’une population sous les armes à un moment donné avec l’autorité qui l’envoie combattre ou se préparer à combattre, la désertion a concerné au XIXe siècle plusieurs centaines de milliers de Français. Moins frontal qu’un mutin se rebellant ouvertement ou qu’un transfuge changeant de camp, mais plus conscient qu’un réfractaire qui tente d’esquiver l’armée avant de l’avoir connue, le déserteur questionne son époque de différentes manières. Si la désertion est considérée couramment comme un acte de lâcheté ou la conséquence de la propagande de pays ennemis, quitter illégalement une armée répond à des causes plus complexes, sociales, culturelles et économiques, qui font de la désertion un fait social qui dépasse le seul moment du départ des rangs.

Étudier la désertion de l’instauration de la conscription à la fin du XVIIIe siècle jusqu’à la mise en place du service militaire républicain, c’est travailler sur une armée majoritairement composée d’appelés ayant tiré au sort un « mauvais numéro » et n’ayant pas les moyens de recourir au remplacement tarifé. L’intérêt de travailler sur cette période est de pouvoir étudier la manière dont le service des armes était accepté ou non par des jeunes gens n’ayant majoritairement pas choisi l’état militaire et d’interroger les raisons des formes d’évitement du service au moment où la centralisation étatique se développe.
Au-delà des raisons individuelles évoquées (ennui, mauvais traitements, brimades entre camarades, etc.), le fait que les départements dont les ressortissants ont le plus tendance à déserter soient les mêmes sous les différents régimes au début de ce siècle semble indiquer qu’il y a des raisons systémiques à la désertion, au-delà de la somme des ruptures individuelles de consentement.

Cette thèse cherche à comprendre ce que l’évolution de la désertion peut nous enseigner sur « l’apprentissage » de la nation et de la citoyenneté induite par le service militaire jusqu’à l’orée de la Troisième République. La diversité des régimes politiques et des terrains d’engagements de l’armée française pendant cette période permet d’étudier différents cas de figure et de voir s’il y a des situations plus propices que d’autres à la désertion et à l’insoumission en général. Il s’agit aussi de comprendre la réponse de l’armée à ces désertions. Les dossiers d’instruction de déserteurs passant devant les conseils de guerre de plusieurs divisions militaires sont le matériaux principal de ce travail. Les interrogatoires des prévenus de désertion, sans oublier que ce sont des propos rapportés, permettent d’approcher la manière dont ces soldats ont vécu leur temps de service et la raison pour laquelle ils s’en sont extraits illégalement. Les archives de l’administration et du ministère de la Guerre sont aussi explorées dans cette perspective. Cette recherche, centrée sur les déserteurs français, ne reste pas dans les strictes limites hexagonales : il s’agit aussi d’envisager les modalités de la désertion et les interactions entre militaires français en fuite et populations des pays où se déroulent les combats. Les déserteurs peuvent en effet être accueillis et cachés parmi ces populations, parfois y faire souche, ou à l’inverse être malmenés voire assassinés. Il arrive aussi qu’ils rejoignent un camp adverse, pour des raisons pécuniaires ou idéologiques.
Étudier la désertion sous l’angle de l’intégration nationale permettra de voir ce que la dérobade aux devoirs militaires peut indiquer de la réticence des jeunes Français, et au-delà d’eux d’une partie importante de la population, qui peut se mobiliser pour cacher ou défendre des insoumis, à se conformer à la forme particulière de demande étatique qu’est la conscription. Au-delà de l’acte lui-même, il s’agira de comprendre ce qu’il révèle des fonctionnements et des politisations des communautés rurales des deux premiers tiers du XIXe siècle.

Thématiques de recherche

 

- Histoire militaire
- Histoire de la justice
- Histoire de l’État
- XIXe siècle

Domaines de recherche de l'IDHE.S

Domaine 1. Travail. Professions, frontières, politiques

  • Professions, professionnalisations, groupes et dynamiques professionnelles

  • Statuts, frontières et valorisation du travail

Domaine 2. Savoirs. Formation, circulation, légitimation

  • Frontières et légitimités des savoirs

Domaine 4. Patrimoines. Appropriations, transmissions, valorisations

  • Transmettre les valeurs

Axe transversal de recherche

Crises et régulations

Mis à jour le 06 septembre 2024