Dans les ombres de l’État

Organisation

Thomas Douniès | ISPOLE, UCLouvain
Sofia Saïah | IDHE.S, Université Paris Nanterre

Présentation

C’est de plus en plus par le truchement des associations que l’État exerce son action. Soulevé par un nombre croissant de travaux en France et ailleurs, ce passage du « faire » au « faire faire » est couramment appréhendé comme un signe manifeste du retranchement de l’État qui élude l’hétérogénéité des situations, et désigne comme une transformation un enrôlement du secteur associatif dans l’action publique qui a en réalité accompagné la construction des États sociaux.
Afin d’étudier les dynamiques en cours et leurs spécificités, cette journée d’étude propose d’explorer l’hypothèse d’une diversification des délégations associatives en ramenant les publics dans l’analyse. Il s’agit d’appréhender les différentes configurations en lien avec leurs conséquences inégalitaires et socialisatrices, alors que ce que la mise au travail des associations dans la gestion des problèmes sociaux fait aux personnes qui les sollicitent reste un versant peu étudié des processus à l’œuvre.
Au croisement de plusieurs champs de recherche (travail, mondes associatifs, action publique, mobilisations collectives, inégalités et socialisation), les études de cas rassemblées dans cette journée éclairent le continuum des délégations (des plus explicites ou au plus tacites, de celles revendiquées par le secteur associatif à celle qu’il conteste) et donnent à voir la plasticité des relations administrations-associations dans leurs ancrages localisé et sectoriel. Elles en interrogent aussi l’incidence sur les inégalités entre groupes sociaux dans la distribution des ressources, en regardant comment le contact avec les associations peut être un ressort de leur acceptation comme de leur contestation par les publics, et questionnent plus largement la portée socialisatrice de ces expériences intermédiées de l’État.

Programme

Mots introductifs
Thomas Douniès | ISPOLE, UCLouvain & Sofia Saïah | IDHE.S, Université Paris Nanterre

Déléguer ou reléguer la gestion de la précarité ? Quand la valorisation différenciée du travail (re)productif dans des associations d’insertion par le travail met en circulation des formes d’exploitation par l’emploi
Louise Lacoste | IDHE.S, Université Paris Nanterre

Intégré·es dans le sous-emploi : le rôle d’intermédiation du système d’accueil italien dans le processus de production et reproduction de main-d’œuvre réfugiée
Noemi Martorano | FISPPA, Università degli Studi di Padova

Déléguer la régulation de l’intime. L’exemple de l’institutionnalisation de la lutte contre les violences dans le couple
Pauline Delage | CRESPPA-CSU, CNRS

Faire à la place ou trouver une place ? Production du consentement et stratégies de contournement face à la mal scolarisation des migrant·es
Thomas Douniès | ISPOLE, UCLouvain

Faire face à l'(in)activation. Ethnographie des relations de chômeuses et d’”inactives” à  trois institutions (étatique, municipale et associative) dans un quartier populaire urbain
Angel Louis-Baraud | UR5 Mortalité, Santé, Épidémiologie, INED

Penser la délégation comme une sous-traitance : quand l’assurance retraite “externalise” l’accueil de son public vulnérable aux associations
Sofia Saïah | IDHE.S, Université Paris Nanterre

Discussion : Matthieu Hély | Printemps, UVSQ & Pierre-Edouard Weill | LAB-Lex, UBO

Conclusion de la journée
Maud Simonet | IDHE.S, CNRS