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TEKE, Nicole
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École doctorale : Économie, organisations, société - ED 396 -
Laboratoire : UMR 8533 - Institutions et dynamiques historiques de l'économie et de la société (IDHES)
Thèse
De la sous-traitance au capitalisme de plateforme : le travail invisible des femmes dans le secteur du nettoyage
Direction de thèse : Maud Simonet, CNRS, université Paris Nanterre ; IDHES
Résumé
Indispensable au bon fonctionnement des sociétés, le travail professionnel de nettoyage figure pourtant parmi les secteurs les moins valorisés, économiquement et socialement. Non sans lien, ce domaine est particulièrement concerné par des problématiques de genre, de classe sociale et de race, car ce sont en grande majorité des femmes, précaires et migrantes qui effectuent ces tâches.
Dans le secteur hôtelier, le recours à la sous-traitance s’est accentué au cours des dernières décennies, notamment pour l'entretien des espaces privés, un travail effectué par les femmes de chambre. Visant officiellement une meilleure adaptation au taux de remplissage des hôtels, l’externalisation a également eu pour conséquence une compression globale des coûts salariaux dans le but d’augmenter les profits. Cela a conduit à une dégradation des conditions de travail : flexibilisation accrue, salaires particulièrement bas, clauses de mobilité imposées, temps partiels et CDD subis.
Poussant la logique un peu plus loin, certaines plateformes numériques proposent à présent des services de nettoyage à domicile, effectués par des travailleuses dites « indépendantes », mais bien souvent dépendantes économiquement. Cette situation peut évoquer un retour aux pratiques de tâcheronnage, par la rémunération à la tâche, se traduisant par un travail de plus en plus « flexible » et des horaires de moins en moins circonscrits. Le développement du capitalisme de plateformes, parfois comparé à un phénomène « d'ubérisation » produit par les plateformes numériques de travail, c’est-à-dire celles qui opèrent un pouvoir de décision, de contrôle et de sanction sur les personnes qui travaillent à leur service, exacerbe ainsi la responsabilité individuelle et fragilise – ou plutôt contourne – le droit du travail : un accès à la protection sociale amoindri, absence de congés payés, ou d’arrêt maladie, etc. L’intermédiation sert dans ce cas précis d’écran de fumée pour occulter la préconisation des conditions de travail.
Rendu particulièrement visible par les coursiers à vélo et par les chauffeurs de type Uber, le capitalisme de plateforme tend à s’étendre sur divers pans socioprofessionnels. Le travail de nettoyage en fait partie.
Mots clés
care, travail domestique, nettoyage, plateformes numériques de travail, sous- traitance, ubérisation
Thématiques de recherche
- travail domestique, nettoyage
- plateformes numériques de travail
- sous-traitance
- intersectionnalité
Domaines de recherche de l'IDHE.S
- Domaine 1. Travail. Entreprises, professions, professionnalisation
- Professions, professionnalisations, dynamiques professionnelles
- Travail gratuit et prix du travail : valeur (s) et institutions
- Espaces de travail et mobilités professionnelles
- Domaine 2. Savoirs. Capacités, formation, innovations
- La construction critique des savoirs
- Les représentations du travail
- La digitalisation de l’économie et de la société
- La construction critique des savoirs
Dynamiques
- Inégalités
Publications
Communications
Teke Nicole, « “Commander sa femme de ménage en 2 clics” : quelles conséquences du capitalisme de plateformes pour les services à domicile ? », séminaire « Idées de l’IDHES Nanterre », Nanterre, université Paris Nanterre, 1er février 2022.
Teke Nicole, « Travail domestique 2.0 : à l’intersection du capitalisme de plateforme et des services à domicile », atelier ETI (Enquêtes, Travail, Intersectionnalité), Aubervilliers, Campus Condorcet, 19 janvier 2022.
Mis à jour le 26 juillet 2022