Version française / Manifestations scientifiques / Séminaire recherche
- Libellé inconnu,
La concurrence des travailleurs
Publié le 18 octobre 2017
–
Mis à jour le 27 juillet 2021
Séminaire organisé par l'IDHE.S-Nanterre.
Date(s)
du 10 novembre 2017 au 16 mars 2018
10 h - 13 h
Lieu(x)
Bâtiment Max Weber (W), rez-de-chaussée, salle R01
sauf séance du 10 novembre 2017, 2e étage, salle 221
sauf séance du 10 novembre 2017, 2e étage, salle 221
Qui prend en charge quelle activité de travail ? Dans quelles conditions d’exercice et pour quelle rémunération ? Ces questions sur l’affectation du travail sont consubstantielles au phénomène de division du travail et les principes de cette affectation sont variables, tant historiquement que spatialement, même si l’analyse des rapports sociaux nous donne à voir des dynamiques structurantes. Dans tous les cas, ils organisent la concurrence entre individus pour le travail et l’emploi.
En consacrant l’appartenance à un corps de métier comme droit d’exercice d’une activité de travail, l’ancien régime en France, avait organisé la concurrence en l’encadrant, créant de facto, d’une part une frange de travailleurs autorisés et protégés, de l’autre des travailleurs exclus et dévalorisés. Le libéralisme politique et économique inversera cette situation, dès les premiers temps de la révolution, en supprimant les barrières juridiques à l’exercice d’un travail, faisant de la libre concurrence entre travailleurs le seul principe légitime d’affectation du travail… et de fixation de ces conditions. À partir de la fin du XIXe siècle, le vaste et long mouvement d’organisation des institutions du travail va, dans un mouvement inverse, créer de nouveaux principes d’appariement entre travailleur et emploi, pour éviter que la concurrence des travailleurs ne mène à la dégradation générale des conditions d’emploi. Qualifications et statuts s’imposeront au cours du XXe siècle comme nouveaux modes d’organisation de la concurrence des travailleurs, y compris par la renaissance des régulations corporatistes autour des ordres professionnels.
Pour autant, ces modes de régulation de la concurrence organisent des frontières entre travailleurs : marche primaire du travail versus marché secondaire, travail rémunéré des hommes versus travail domestique gratuit des femmes, activités officielles versus activités clandestines. Ils déplacent aussi la concurrences en amont, sur les titres scolaires, et en aval, sur la division des tâches par le glissement progressif des tâches les moins valorisées vers les travailleur/se-s les moins qualifié-e-s et par les disputes sur la prise en charge des tâches les mieux considérées.
Les années récentes ont par ailleurs vu surgir de nouveaux phénomènes, renouvelant les cadres et formes de la concurrence des travailleurs. L’accélération des échanges économiques a intensifié la concurrence internationale des travailleurs et des travailleuses, au travers des importations puis des délocalisations d’unité de production et des sous-traitances de services, de l’informatique au domestique. Les théories néo-libérales au cœur des projets économiques européens ont mis la suppression des obstacles à la concurrence et à la circulation des travailleurs au cœur de nombreuses directives européennes : les régulations de nombreux groupes professionnels nationaux (droit, médecine, transport) en sont affectées. Le travail détaché renouvelle la concurrence internationale en l’ancrant dans le territoire national. De nombreuses politiques publiques, en transformant les objectifs et les moyens de l’action publique, ont des conséquences sur les principes d’affectation du travail, les conditions d’emploi et les statuts des travailleurs (fonctionnaires, vacataires, contractuels, mais aussi salariés associatifs, usagers bénévoles, citoyens volontaires, etc). Au même moment, de nouvelles formes économiques (plateformes numériques, auto-entrepreneuriat) bouleversent le périmètre d’exercice de certaines activités, accentuant aussi dans le secteur privé, cette fois, les formes de concurrence entre travailleurs de statuts différents : artisans, indépendants, salariés, bénévoles, précaires, etc.
L’objectif de ce séminaire est d’analyser et de questionner les modalités contemporaines de la concurrence des travailleurs en les observant dans leur dimension historique, selon différentes échelles géographiques et en faisant varier les configurations de travail et d’emploi.
ORGANISATION et CONTACT
Valérie Boussard | Université Paris Nanterre, IDHE.S
Maud Simonet | CNRS, Université Paris Nanterre ; IDHE.S
En consacrant l’appartenance à un corps de métier comme droit d’exercice d’une activité de travail, l’ancien régime en France, avait organisé la concurrence en l’encadrant, créant de facto, d’une part une frange de travailleurs autorisés et protégés, de l’autre des travailleurs exclus et dévalorisés. Le libéralisme politique et économique inversera cette situation, dès les premiers temps de la révolution, en supprimant les barrières juridiques à l’exercice d’un travail, faisant de la libre concurrence entre travailleurs le seul principe légitime d’affectation du travail… et de fixation de ces conditions. À partir de la fin du XIXe siècle, le vaste et long mouvement d’organisation des institutions du travail va, dans un mouvement inverse, créer de nouveaux principes d’appariement entre travailleur et emploi, pour éviter que la concurrence des travailleurs ne mène à la dégradation générale des conditions d’emploi. Qualifications et statuts s’imposeront au cours du XXe siècle comme nouveaux modes d’organisation de la concurrence des travailleurs, y compris par la renaissance des régulations corporatistes autour des ordres professionnels.
Pour autant, ces modes de régulation de la concurrence organisent des frontières entre travailleurs : marche primaire du travail versus marché secondaire, travail rémunéré des hommes versus travail domestique gratuit des femmes, activités officielles versus activités clandestines. Ils déplacent aussi la concurrences en amont, sur les titres scolaires, et en aval, sur la division des tâches par le glissement progressif des tâches les moins valorisées vers les travailleur/se-s les moins qualifié-e-s et par les disputes sur la prise en charge des tâches les mieux considérées.
Les années récentes ont par ailleurs vu surgir de nouveaux phénomènes, renouvelant les cadres et formes de la concurrence des travailleurs. L’accélération des échanges économiques a intensifié la concurrence internationale des travailleurs et des travailleuses, au travers des importations puis des délocalisations d’unité de production et des sous-traitances de services, de l’informatique au domestique. Les théories néo-libérales au cœur des projets économiques européens ont mis la suppression des obstacles à la concurrence et à la circulation des travailleurs au cœur de nombreuses directives européennes : les régulations de nombreux groupes professionnels nationaux (droit, médecine, transport) en sont affectées. Le travail détaché renouvelle la concurrence internationale en l’ancrant dans le territoire national. De nombreuses politiques publiques, en transformant les objectifs et les moyens de l’action publique, ont des conséquences sur les principes d’affectation du travail, les conditions d’emploi et les statuts des travailleurs (fonctionnaires, vacataires, contractuels, mais aussi salariés associatifs, usagers bénévoles, citoyens volontaires, etc). Au même moment, de nouvelles formes économiques (plateformes numériques, auto-entrepreneuriat) bouleversent le périmètre d’exercice de certaines activités, accentuant aussi dans le secteur privé, cette fois, les formes de concurrence entre travailleurs de statuts différents : artisans, indépendants, salariés, bénévoles, précaires, etc.
L’objectif de ce séminaire est d’analyser et de questionner les modalités contemporaines de la concurrence des travailleurs en les observant dans leur dimension historique, selon différentes échelles géographiques et en faisant varier les configurations de travail et d’emploi.
ORGANISATION et CONTACT
Valérie Boussard | Université Paris Nanterre, IDHE.S
Maud Simonet | CNRS, Université Paris Nanterre ; IDHE.S
PROGRAMME
Vendredi 10 novembre 2017, 10 h - 13 h
La concurrence par la passion
Yan Dalla Pria et Nathalie Leroux | Université Paris Nanterre, IDHE.S
« La vie en bleu ». Passion au travail et carrière des cadres dans une enseigne leader de la distribution d’articles de sport
Giulia Mensitieri | EHESS, Institut interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain (iiAc)
Savoir être là. Trouver et tenir sa place dans le travail de la mode
Vendredi 15 décembre 2017, 10 h - 13 h
Du capital pour la concurrence
Diane Desprat | Université Paris Nanterre, IDHE.S
Face à la concurrence, apprendre à se distinguer pour fidéliser. L’exemple des coiffeurs
Camille Herlin-Giret | EHESS, IRIS
Être visible dans le brouillard. Comment les conseillers patrimoniaux conservent leur clientèle sur un marché opaque
Vendredi 12 janvier 2018, 10 h - 13 h
Les solidarités face à la concurrence
Sophie Béroud | Université Lyon 2, laboratoire Triangle
Produire du collectif malgré les divisions entre salariées dans les secteurs de l’aide à domicile et des maisons de retraite
Fabien Brugière | Université Paris 8, CRESPPA
Les solidarités au travail face à la mise en concurrence des ouvriers de l’assistance aéroportuaire sous-traitée : recul syndical et essor des logiques clientélistes et ethniques
Vendredi 9 févier 2018, 10 h - 13 h
Au jour le jour : construire le marché et organiser la concurrence
Sebastien Chauvin | Université de Lausanne, Centre en études Genre
L’agence, la rue et le centre de travailleurs. La formalisation associative du travail journalier de rue
Marie-Anne Dujarier | Université Paris Diderot, LSCP
Le marché numérique du tâcheronnat : une étude de cas
Vendredi 16 mars 2018, 10 h - 13 h
Table ronde : Produire les cadres de la concurrence
Patrick Castel, Léonie Hénaut et Emmanuelle Marchal | Sciences Po, CSO
Faire la concurrence, à partir de leur ouvrage Faire la concurrence, retour sur un phénomène social et économique, Eyrolles, 2016
Christine Musselin | Sciences Po, CSO
à partir de son ouvrage La grande course des universités, Presses de Sciences Po, 2017
Frédéric Lebaron | ENS Paris Saclay, IDHE.S
Les élites européennes comme champ
VOIR AUSSI :
Crédits : Maine Running Photos_ACT0372.
Conception et réalisation : Delphine Mondout, Université Paris Nanterre, IDHES (UMR 8533)
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Mis à jour le 27 juillet 2021