Version française / Manifestations scientifiques / Séminaire recherche
- Libellé inconnu,
La concurrence des travailleurs
Publié le 10 octobre 2016
–
Mis à jour le 19 octobre 2017
Séminaire organisé par l'IDHES-Nanterre.
Date(s)
le 4 mai 2017
14h-17h
Lieu(x)
Bâtiment Max Weber (W), rez-de-chaussée, salle R02
Qui prend en charge quelle activité de travail ? Dans quelles conditions d’exercice et pour quelle rémunération ? Ces questions sur l’affectation du travail sont consubstantielles au phénomène de division du travail et les principes de cette affectation sont variables, tant historiquement que spatialement, même si l’analyse des rapports sociaux nous donne à voir des dynamiques structurantes. Dans tous les cas, ils organisent la concurrence entre individus pour le travail et l’emploi.
En consacrant l’appartenance à un corps de métier comme droit d’exercice d’une activité de travail, l’ancien régime en France, avait organisé la concurrence en l’encadrant, créant de facto, d’une part une frange de travailleurs autorisés et protégés, de l’autre des travailleurs exclus et dévalorisés. Le libéralisme politique et économique inversera cette situation, dès les premiers temps de la révolution, en supprimant les barrières juridiques à l’exercice d’un travail, faisant de la libre concurrence entre travailleurs le seul principe légitime d’affectation du travail… et de fixation de ces conditions. À partir de la fin du XIXe siècle, le vaste et long mouvement d’organisation des institutions du travail va, dans un mouvement inverse, créer de nouveaux principes d’appariement entre travailleur et emploi, pour éviter que la concurrence des travailleurs ne mène à la dégradation générale des conditions d’emploi. Qualifications et statuts s’imposeront au cours du XXe siècle comme nouveaux modes d’organisation de la concurrence des travailleurs, y compris par la renaissance des régulations corporatistes autour des ordres professionnels.
Pour autant, ces modes de régulation de la concurrence organisent des frontières entre travailleurs : marche primaire du travail versus marché secondaire, travail rémunéré des hommes versus travail domestique gratuit des femmes, activités officielles versus activités clandestines. Ils déplacent aussi la concurrences en amont, sur les titres scolaires, et en aval, sur la division des tâches par le glissement progressif des tâches les moins valorisées vers les travailleur/se-s les moins qualifié-e-s et par les disputes sur la prise en charge des tâches les mieux considérées.
Les années récentes ont par ailleurs vu surgir de nouveaux phénomènes, renouvelant les cadres et formes de la concurrence des travailleurs. L’accélération des échanges économiques a intensifié la concurrence internationale des travailleurs et des travailleuses, au travers des importations puis des délocalisations d’unité de production et des sous-traitances de services, de l’informatique au domestique. Les théories néo-libérales au cœur des projets économiques européens ont mis la suppression des obstacles à la concurrence et à la circulation des travailleurs au cœur de nombreuses directives européennes : les régulations de nombreux groupes professionnels nationaux (droit, médecine, transport) en sont affectées. Le travail détaché renouvelle la concurrence internationale en l’ancrant dans le territoire national. De nombreuses politiques publiques, en transformant les objectifs et les moyens de l’action publique, ont des conséquences sur les principes d’affectation du travail, les conditions d’emploi et les statuts des travailleurs (fonctionnaires, vacataires, contractuels, mais aussi salariés associatifs, usagers bénévoles, citoyens volontaires, etc). Au même moment, de nouvelles formes économiques (plateformes numériques, auto-entrepreneuriat) bouleversent le périmètre d’exercice de certaines activités, accentuant aussi dans le secteur privé, cette fois, les formes de concurrence entre travailleurs de statuts différents : artisans, indépendants, salariés, bénévoles, précaires, etc.
L’objectif de ce séminaire est d’analyser et de questionner les modalités contemporaines de la concurrence des travailleurs en les observant dans leur dimension historique, selon différentes échelles géographiques et en faisant varier les configurations de travail et d’emploi.
ORGANISATION et CONTACT
Valérie Boussard | Université Paris Nanterre, IDHES
Maud Simonet | CNRS, Université Paris Nanterre ; IDHES
En consacrant l’appartenance à un corps de métier comme droit d’exercice d’une activité de travail, l’ancien régime en France, avait organisé la concurrence en l’encadrant, créant de facto, d’une part une frange de travailleurs autorisés et protégés, de l’autre des travailleurs exclus et dévalorisés. Le libéralisme politique et économique inversera cette situation, dès les premiers temps de la révolution, en supprimant les barrières juridiques à l’exercice d’un travail, faisant de la libre concurrence entre travailleurs le seul principe légitime d’affectation du travail… et de fixation de ces conditions. À partir de la fin du XIXe siècle, le vaste et long mouvement d’organisation des institutions du travail va, dans un mouvement inverse, créer de nouveaux principes d’appariement entre travailleur et emploi, pour éviter que la concurrence des travailleurs ne mène à la dégradation générale des conditions d’emploi. Qualifications et statuts s’imposeront au cours du XXe siècle comme nouveaux modes d’organisation de la concurrence des travailleurs, y compris par la renaissance des régulations corporatistes autour des ordres professionnels.
Pour autant, ces modes de régulation de la concurrence organisent des frontières entre travailleurs : marche primaire du travail versus marché secondaire, travail rémunéré des hommes versus travail domestique gratuit des femmes, activités officielles versus activités clandestines. Ils déplacent aussi la concurrences en amont, sur les titres scolaires, et en aval, sur la division des tâches par le glissement progressif des tâches les moins valorisées vers les travailleur/se-s les moins qualifié-e-s et par les disputes sur la prise en charge des tâches les mieux considérées.
Les années récentes ont par ailleurs vu surgir de nouveaux phénomènes, renouvelant les cadres et formes de la concurrence des travailleurs. L’accélération des échanges économiques a intensifié la concurrence internationale des travailleurs et des travailleuses, au travers des importations puis des délocalisations d’unité de production et des sous-traitances de services, de l’informatique au domestique. Les théories néo-libérales au cœur des projets économiques européens ont mis la suppression des obstacles à la concurrence et à la circulation des travailleurs au cœur de nombreuses directives européennes : les régulations de nombreux groupes professionnels nationaux (droit, médecine, transport) en sont affectées. Le travail détaché renouvelle la concurrence internationale en l’ancrant dans le territoire national. De nombreuses politiques publiques, en transformant les objectifs et les moyens de l’action publique, ont des conséquences sur les principes d’affectation du travail, les conditions d’emploi et les statuts des travailleurs (fonctionnaires, vacataires, contractuels, mais aussi salariés associatifs, usagers bénévoles, citoyens volontaires, etc). Au même moment, de nouvelles formes économiques (plateformes numériques, auto-entrepreneuriat) bouleversent le périmètre d’exercice de certaines activités, accentuant aussi dans le secteur privé, cette fois, les formes de concurrence entre travailleurs de statuts différents : artisans, indépendants, salariés, bénévoles, précaires, etc.
L’objectif de ce séminaire est d’analyser et de questionner les modalités contemporaines de la concurrence des travailleurs en les observant dans leur dimension historique, selon différentes échelles géographiques et en faisant varier les configurations de travail et d’emploi.
ORGANISATION et CONTACT
Valérie Boussard | Université Paris Nanterre, IDHES
Maud Simonet | CNRS, Université Paris Nanterre ; IDHES
PROGRAMME
Jeudi 10 novembre 2016, 14h-17h
Introduction
Valérie Boussard | Université Paris Nanterre, IDHES et Maud Simonet | CNRS, Université Paris Nanterre ; IDHES
Table ronde : Gouverner la concurrence des travailleur-e-s
Camille Chaserant | Université Paris I, CES et Sophie Harnay | Université de Lorraine, Beta
Règles de la concurrence et professions réglementées du droit
Claude Didry | CNRS, ENS Cachan ; IDHES
De la concurrence sur le prix de l’ouvrage à la concurrence sur le poste de travail, les enjeux du code du travail
Christian Laval | Université Paris Nanterre, Sophiapol
La concurrence entre travailleurs, un nouveau mode de gouvernement ?
Jeudi 1er décembre 2016, 14h-17h
Politique publique et concurrence entre professionnels dans la prise en charge de problèmes sociaux
Blandine Barlet | Université Paris Nanterre, IDHES
La réforme de la médecine du travail comme mise en concurrence de différents acteurs professionnels... et de différentes conceptions de la mission de prévention
Stanislas Morel | Université de Saint-Etienne, CESP
Action publique et coordination de la prise en charge des problèmes sociaux. Des « concurrences» aux « partenariats »
Jeudi 5 janvier 2017, 14h-17h
Service public et concurrence des statuts de « travailleurs »
Caroline Arnal | Université Versailles Saint Quentin, PRINTEMPS
Des travailleurs associatifs en concurrence. Division du travail et logiques de hiérarchisation au sein des maraudes parisiennes
Romain Pudal | CNRS, Université de Picardie ; CURAPP
Multiplicité des statuts, confusion des rôles et concurrence généralisée : le cas de pompiers français
Jeudi 2 février 2017, 14h-17h
Les usagers dans la mise en question et la mise en concurrence de l’expertise professionnelle
Lise Demailly | Université Lille 1, Clersé
L'intervention des profanes dans les champs professionnels
Ornella Mato | Université Paris 8, CSU-Cresppa
Deux figures d'expertise profanes face aux professionnels entendants de la surdité
Jeudi 9 mars 2017, 14h-17h
La concurrence internationale des travailleurs
Claire Flécher | Université Paris Nanterre, IDHES
De la corporation au marché international du travail. Marchandisation, segmentation et ethnicisation de l'emploi maritime
Delphine Mercier | CNRS, Université de Provence ; LEST
Les faiseurs de frontières, acteurs d'une nouvelle division internationale du travail
Jeudi 30 mars 2017, 14h-17h
Les intermédiaires de la concurrence
Christian Bessy | CNRS, ENS Cachan ; IDHES
La régulation des intermédiaires de marché
Delphine Naudier | CNRS, Université Paris 8 ; CSU-Cresppa
Les agents artistiques : fabrique et régulation de la concurrence sur le marché de l’emploi cinématographique
Jeudi 4 mai 2017, 14h-17h SÉANCE ANNULÉE
Conclusion
Valérie Boussard | Université Paris Nanterre, IDHES et Maud Simonet | CNRS, Université Paris Nanterre ; IDHES
Retrouvez la présentation de ce séminaire sur le site web de l'IDHES.
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Crédits : Maine Running Photos_ACT0372.
Conception et réalisation : Delphine Mondout, Université Paris Nanterre, IDHES (UMR 8533)
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Mis à jour le 19 octobre 2017